Le NAFCC inquiet après une nouvelle interpellation à Tunis

Le NAFCC exprime une nouvelle fois son inquiétude devant la pression grandissante à laquelle sont soumis les journalistes étrangers travaillant à Tunis et condamne l’interpellation de deux journalistes.

Le dernier incident en date s’est produit lundi 15 janvier, alors que Talel Nacer, vidéaste pour l’agence de presse Anadolu Agency, et son collègue photographe Enes Canli, tous deux dûment accrédités par les autorités tunisiennes, couvraient le 99ème anniversaire du club de football Espérance de Tunis, dans le quartier de Bab Souika à Tunis. Nacer Talel détient également une autorisation de filmer délivrée par les services de la communication de la présidence du gouvernement. 

Interpellés à 19h15 dans une ruelle du quartier par des policiers en civil refusant de décliner leurs identités, ils signalent directement qu’ils sont journalistes, dûment accrédités. Les policiers reprochent alors à Enes Canli de ne pas avoir les autorisations nécessaires pour faire des photographies et décident d’emmener au poste de police de Bab Souika les deux journalistes. Si l’échange est resté courtois, les policiers demandent à visionner puis à supprimer les photographies. Enes Canli a dû signer le registre d’intervention de la police avant que les deux journalistes puissent sortir à 19h55. 

Les incidents de ce lundi surviennent au lendemain de l’interpellation du correspondant de RFI Michel Picard par la Garde Nationale alors qu’il couvrait la visite du président tunisien à Ettadhamen, au nord-ouest de Tunis. Conduit au poste local de la Garde nationale, le journaliste  avait dû signer un document en arabe, sans traduction officielle, avant d’être autorisé à partir. 

Ils surviennent également quatre jours après la convocation du journaliste indépendant Mathieu Galtier par la Garde Nationale du Bardo à Tunis, où il a été prié de révéler l’identité de ses sources, exigence contraire aux standards internationaux régissant la liberté de la presse. 

Le NAFCC a pris note de l’assurance fournie, mardi 16 janvier, par les services du Premier ministre que le gouvernement demeure attaché au respect de la liberté de la presse en Tunisie et des conditions de travail des correspondants étrangers. Le NAFCC attend toutefois des actes concrets et que les procédures en vigueur soient respectées sur le terrain par les forces sécuritaires. Tout journaliste doit pouvoir exercer librement son travail, a fortiori s’il est détenteur d’une carte de presse de correspondant accrédité. Les vérifications doivent pouvoir s’effectuer sur le lieu du reportage sans qu’il soit nécessaire de recourir à la pratique coercitive d’interpellations.

Le NAFCC exhorte à nouveau les forces de sécurité tunisiennes à respecter les procédures en vigueur conformément aux engagements pris par les autorités tunisiennes elles-mêmes.